Nos Parutions APRÈS LE DÉLUGE. Le mythe de la catastrophe salvatrice

APRÈS LE DÉLUGE. Le mythe de la catastrophe salvatrice

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Il y a longtemps que la catastrophe est commencée. Après des milliers d’années de pillages, les maîtres du monde disposent aujourd’hui de forces de destruction massive qui menacent du pire. Décryptant ici les mythes par lesquels les puissances conquérantes ont aliéné les consciences des populations asservies, Jean Monod projette un scénario « apocalyptique » qui incite à voir autrement le temps que nous vivons.

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Tour à tour ethnologue, cinéaste, peintre, poète, acteur, toujours écrivant... chaque étape liée à une personne et à un lieu, aux quatre coins du monde... ancien assistant au Collège de France et maître-assistant à l'Université Paris 7, Jean Monod a réalisé cinq documentaires, dont Histoire de Wahari avec Vincent Blanchet, monté par Catherine Poitevin, Prix Georges Sadoul 1974.

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Avec la collection ÉCLIPSES, Jean Monod aborde les périodes que l’histoire officielle éclipse, où les peuples n’avaient pas besoin d’État pour exister.

APRÈS LE DÉLUGE

Le mythe de la catastrophe salvatrice

de Jean Monod

illustré par Gwennaëlle d'Azémar

 

352 pages

Format 14,8 x 21 ; épaisseur 21,5 mm ; poids : 469 gr

Pages intérieures noir et blanc, sur papier bouffant ivoire 80 gr/m²

ISBN 978-2-919539-09-3

Prix indiqué : 21 € TVA 5,5% comprise

 

Dossier de presse :

« Les mythes « catastrophistes » que pose Jean Monod peuvent se décliner sous quatre combinaisons, au moins :

– l'annonce de la catastrophe, notamment écologique (discours effondristes, apocalyptiques, où les propagandes officielles prennent soin devant leurs populations d'ignorer les guerres comme catastrophes, mais insistent au contraire sur le non-directement humain, comme une fatalité universelle ou cosmique à laquelle il serait impossible de résister à la mesure des individus, à laquelle il faudrait nous préparer, s'adapter en anticipant les dégâts et l'éventuelle résilience des survivants, toute une littérature, toute une filmographie abonde dans ce sens prédictif que Jean Monod considère, sinon délirant, du moins très complaisant avec les systèmes en place, responsables eux-mêmes de ce fameux “Effondrement”, provoqué par les descendants des mêmes familles qui avaient déjà fabriqué “la Croissance” ou “les Lumières”) ;

 

– la conséquence intrinsèque du précédent, c'est que toute catastrophe annoncée prépare les masses à leur propre extermination, massive (les exemples historiques sont inépuisables) ;

 

– les scénarios politiques des États rivalisant entre eux pour conserver ou s'approprier les ressources vitales : les révolutions sont d'autant plus mythiques qu'elles masquent toujours la permanence des systèmes de gestion de masses, seuls les modes de gouvernances, ou les régimes politiques, peuvent éventuellement changer, sans jamais transformer les modes alimentaires, la façon de cultiver, l'accès au sol, à l'eau, au savoir intergénérationnel, etc. ;

 

– le fait, intangible, que tout mythe antique pose le principe d'inégalité : aucun des mythes premiers ne s'embarrasse de concepts autour de la démocratie. Les mythographes d'autrefois ont systématiquement (re)présenté les rois et les héros obéissant aux lois divines comme les sujets se trouvaient sommés d'obéir à leurs chefs et à leurs souverains. En revanche, dans les mythes nés avec les siècles de l'ère industrielle, assoyant le progrès et la modernité, il est facile de constater que l'obéissance à l'autorité a progressivement pris la place de la hiérarchie entre prêtres et fidèles. »

Annonce Déluge 4 © ABC’éditions

Legnoo, « Déluge à Ombres blanches, le 15 septembre » dans Médiapart du 6 août 2018

https://blogs.mediapart.fr/legnoo505/blog/060818/deluge-ombres-blanches-le-15-septembre

 

Lettre de l'éditeur à un grand libraire sur la sortie de l'ouvrage : Blog Debout de Jean-Jacques M’U :

http://debout.over-blog.com/2018/06/a-un-grand-libraire-sur-la-presentation-d-un-nouveau-livre-a-paraitre.html

 

Intervention de l'auteur sur RadioLibertaire :
https://blogs.mediapart.fr/jean-monod/blog/091018/catastrophe-et-resistance

 

Nos conditions générales de vente :

http://www.abceditions.net/nos-parutions/6-nos-parutions/79-conditionsgeneralesdevente (Conditions libraires au point 2.2.)

 

Vente aux particuliers :




Billet de Jean Monod, sur son blog Mediapart :

https://blogs.mediapart.fr/jean-monod/blog/090818/le-mythe-de-la-catastrophe-salvatrice

Le mythe de la catastrophe salvatrice

  • 9 août 2018

L’idée que la catastrophe puisse être salvatrice n’est plus dans l’air aujourd’hui. Signe qu’on est entrés dans le temps des catastrophes. C’est désormais un fait de conscience collective établi. Le catastrophisme – l’annonce prophétique « tout va s’effondrer » – est en train de produire son effet de masse. Un sentiment d’accablement mêlé de révolte impuissante commence à se répandre dans les esprits. Le sentiment dominant de l’ère précédente, le progressisme, s’est volatilisé.
On a perdu l’euphorie.
Cela s’est passé très vite – et c’est cette rapidité qui aura constitué la catastrophe au sens strict, de brusque passage d’un discours euphorique à son opposé.

C’est une des fonctions du catastrophisme, qui se répète de millénaire en millénaire. Son effet de choc à chaque changement de millénaire est tel qu’on ne voit pas que c’est la même entreprise qui se poursuit.
Cette entreprise étant passée, du XXe au XXIe siècle, du progressisme au catastrophisme, le constat qu’elle a atteint une limite lui donne un caractère définitif. C’est maintenant que l’histoire va dire son dernier mot.

Quelle est cette limite révélatrice du sens de l’histoire ? Celle de la planète, ou celle d’une économie?

Ou celle d’un scénario?

Un des principaux enjeux du catastrophisme est de rendre la fin du capitalisme impensable, tout en travaillant à surmonter ses contradictions. Ce travail est un forcing, une surenchère où la catastrophe salvatrice tend à s’accomplir comme prophétie autoréalisatrice. En plus d’un accroissement du pillage et de la pollution, de la braderie du patrimoine, du pilonnage des acquis sociaux, du siphonnage des moindres revenus et du matraquage des protestataires, un des moyens de faire passer la surenchère est de présenter la catastrophe comme inévitable et d’organiser l’avenir à partir d’un modèle adaptatif. La nature s’impose, le pouvoir dispose. Tel serait le nouveau réalisme.

Une nouvelle puissance, consciente d’elle-même, est en train de créer son droit. La finance internationale a désormais partout ses présidents et ses ministres. La démocratie ne pouvant encore être ouvertement mise à bas, ce droit en gésine a encore une double voix. Les responsabilités que les autorités n’ont pas prises en leur temps, la voit-on dire en se tordant la bouche, sont désormais entre les mains de tous...

Malheureusement, ce tardif transfert de responsabilités en forme de démocratie dispensée d’en haut n’arrêtera pas la gabegie écologique, faute de la traiter à sa source. Il la renforcerait plutôt. Mais il prélude à des retournements mélodramatiques. Bientôt, les vrais coupables, ce seront nous, consommateurs d’autant plus nuisibles qu’innombrables, pauvres et addictifs...

Sans doute, dans cette confusion, surnage une pensée critique. Mais, aussi acharnée soit-elle à persister dans son (mal)être, cette pensée ne dit pas nettement en quoi consiste la catastrophe en cours, parce qu’elle n’ose pas hasarder des hypothèses à la hauteur de ce qui se joue. On recommence (comme il y a cinquante ans) à mettre en cause le capitalisme. On ne met toujours pas en cause l’industrie en tant qu’arme lourde du capitalisme, ni le capitalisme comme caution de l’étatisme, fondé sur la même pratique d’expropriation productrice de masse et de monnaie. Ce fait même, que la monnaie vient de l’expropriation, n’est toujours pas élucidé. On en est toujours aussi éloigné que de remettre en cause le principe de l’inégalité, qui est la condition de toute société étatisée.

C’est avec la volonté qu’une pareille élucidation ne puisse pas être faite, qu’elle ne puisse même pas effleurer les consciences, qu’elle demeure sans langue, que les gestionnaires de la catastrophe en cours s’organisent et agissent. La surenchère médiatique à laquelle ils se livrent actuellement n’est que l’écho de leur ancien déni. Du progressisme au prophétisme, cette surenchère vise à rendre crédible la possibilité d’un super-progressisme et à préparer la masse à en payer le prix. Abasourdie, celle-ci pèsera alors de tout le poids de son inertie sur les esprits. Le catastrophisme est, de la sorte, un moyen massif d’empêcher que soit posée la question des conditions d’une société juste, pensée à partir d’un principe qui puisse dialoguer avec l’absolu. 

Tel est le non-droit de tuer.

De quel droit parlons-nous, tant que nous ne l’avons pas énoncé ?

Sans doute, le principe qui pose le non-droit de tuer est-il utopique.
Tout le monde ne peut pas être un saint : c’est une rareté dans notre espèce. Le principe du non-droit de tuer ne peut donc être étendu à toute une société. À plus forte raison ne peut-il l’être à toute l’humanité. C’est sa prudence, qui le maintient en retrait des religions instituées.

Mais il peut être fragmenté, réparti, partagé.

Si le principe qui pose le non-droit de tuer ne risque pas de dégénérer en religion universelle, c’est qu’il n’est que le côté négatif du principe de réciprocité, qui repose, lui, sur la reconnaissance du fait que nous vivons dans un monde que nous n’avons pas créé. Monde, donc, où la vie est un don, à prendre comme tel, en restituant autant que nous prenons, en réparant si nous abîmons, et en veillant à ce que la source de la vie ne soit pas accaparée –  ni polluée.

Il est bien tard à vrai dire pour s’en préoccuper.
Raison de plus pour que le principe qui en a souci soit reconnu dans la société que l’on voudrait former, ne serait-ce qu’à titre de veille, qui rappelle à ceux qui s’arrogent le droit de tuer qu’ils ont des devoirs en contrepartie et qu’il n’est que juste qu’ils aient à subir les conséquences de leurs abus.

L’idée que la catastrophe puisse être salvatrice était dans l’air quand la catastrophe écologique était encore incertaine, voire une lubie ; elle pouvait apparaître comme une revanche « justicière » de la nature sur l’immoralité du capitalisme. On pouvait même la fantasmer comme un substitut angélique du prolétariat anéanti.
Aujourd’hui, cela ne veut plus rien dire.
Mais il y a des chances que le mythe de la catastrophe salvatrice redevienne d’actualité dans une phase à venir du scénario en train de se réaliser, où tout risque de se déterminer à partir d’enchaînements de catastrophes voulues et utilisées comme des armes de destruction auxquelles il sera de plus en plus difficile de résister.

Lors de ce grand retour du refoulé capitaliste, les gestionnaires du cataclysme ne se priveront pas de mobiliser le thème du salut « pour rétablir le droit et faire régner la justice ». Mais ce ne sera pas le même droit pour tous, ni la même justice. On verra alors que le mythe de la catastrophe salvatrice – l’Apocalypse, dont la finalité est de sauver les « fidèles » et d’éliminer les « impies » – était bien la lame de fond du catastrophisme.

C’est cette lame de fond qu’Après le Déluge* tente de remonter à sa source pour en déduire les retombées hypothétiques.

À la lumière de cette analyse, le catastrophisme se ramène à la liste des points d’agression de la nature par l’industrie et de l’humanité par la politique au service du profit.

La possibilité d’une alternative passe par une résistance sur tous ces points d’agression.

Mais une "véritable solution" est au-delà de cette alternative.
Le problème envisagé en termes de conflit, l’adversaire étant clairement désigné, la solution serait une contre-offensive poussée jusqu’à la victoire. Une pareille contre-offensive suppose une force capable de neutraliser celles de l’adversaire pour pouvoir exercer sa propre volonté. Cette volonté aujourd’hui est encore dans les limbes ; elle n’existe que de façon brouillée, diffuse, négative ou réactive. Il lui manque pour naître à elle-même le désir d’une société fondée sur un principe qui puisse dialoguer avec l’absolu.
Entre autres prophéties, ce siècle n’a-t-il pas été annoncé comme devant être spirituel, ou ne pas exister ?

                                                                                                                                                      Jean Monod

* Paru chez ABC’éditions, collection éclipses.

http://www.abceditions.net/nos-parutions/6-nos-parutions/12-apresledeluge



ÉCLIPSES ET CATACLYSMES

 

Ce que l’on cherche à repérer dans cette collection sous le nom d’éclipses, ce sont des formes qui sont apparues à un moment de l’histoire et ont disparu ensuite, pour reparaître au bout d’un certain temps et disparaître de nouveau, apparaissant et disparaissant de façon périodique.

Telles sont, au premier chef, la république et son contraire, la monarchie. Tels sont en art le réalisme et le symbolisme. En relation d’exclusion réciproque, ils ne s’éliminent pas, ils s’éclipsent, et la forme éclipsée réapparaît au bout d’un temps déterminé.

Quelle trajectoire tracent ces cycles d’apparition et de disparition périodique, quelle est leur écliptique ?

On pourrait être tenté de dire que cette écliptique, en politique, est la seule formation qui n’ait connu aucune éclipse depuis le commencement de l’histoire écrite : l’État, si la continuité de cette formation politique n’avait été rompue de temps à autre par des périodes antithétiques, dites « intermédiaires » ou d’anarchie, comme ce fut le cas trois fois de suite au cours de sa longue histoire dans l’ancienne Égypte.

*

Repérer la trajectoire de ces éclipses revient à cerner la périodicité des régimes politiques, depuis les régimes modérés (république et royauté) aux périodicités moyennes (et inégales, les temps de royautés étant notoirement plus longs que les temps de république) jusqu’aux régimes extrêmes (tyrannie et anarchie, aux périodicités courtes), l’État étant la condition commune à tous les régimes sauf l’anarchie, avec laquelle il est dans un rapport d’exclusion, antithétique, ce qui fait de l’anarchie le plus éclipsé de tous les régimes, assimilée du coup à un non-régime, qui la voue à une existence brève, les temps d’anarchie étant plus courts que les tyrannies, car réprimés par les États avec la dernière énergie.

Partant de là, est-il possible de repérer d’encore plus longues éclipses ? Plus brèves, on a les modes, qui vont des robes longues aux robes courtes ; la longueur des cheveux fait le même jeu de yoyo. Y a-t-il, à l’autre extrême, des formes historiques qui ne sont apparues qu’une seule fois, ayant disparu pour ne plus reparaître ensuite, ce qui ne signifie pas forcément qu’elles ne reparaîtront jamais, dans une vision du temps cyclique ?

Telles semblent avoir été les sociétés sans État, qui ne sont pas des sociétés contre l’État, venues ensuite, des sociétés fuyant les États, comme celles de la Zomia, mais des sociétés d’avant les États. Ce sont les sociétés qui ont eu la durée la plus longue dans les temps préhistoriques.

Sociétés qui avaient pour condition de n’être pas assujetties, elles n’ont pas été avec les États dans un rapport d’opposition réciproque, sur fond d’inégalité, les vouant aux alternances périodiques du type éclipses. Leur rapport étant d’incompatibilité et n’étant pas les plus fortes, elles ont été effacées, vaincues, ont disparu, – comme ont disparu les Néandertaliens –, et n’existent plus. L’aventure humaine aujourd’hui se poursuit sans elles. Elles ne sont plus que des objets de science historique, des nostalgies ou des mythes.

Mais, à la différence des Néandertaliens, elles pourraient reparaître, n’étant pas liées par la génétique, mais librement produites. Pour cela, il faudrait que les États disparaissent et que la population humaine soit assez diminuée pour que les contraintes démographiques actuelles soient réduites, non de leur fait, mais pour une cause extra-historique, par exemple un cataclysme.

Le retour de ce que nous avons été (peut-être) – ou l’advenue de ce que nous aurions pu être – ne tiendrait donc qu’à une catastrophe salvatrice ? Suffit-il de lever la contrainte du nombre pour pouvoir l’envisager de façon théorique ? La condition qui est au fond de la problématique catastrophiste n’est-elle pas plutôt politique ?

Jean Monod
13 septembre 2018

ABC’éditions

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